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Agenda

Réception

le 28 septembre 2024

Réception de Patrick Richard

Bernard Foray-Roux, Patrick Richard

Discours de Bernard Foray-Roux

Chères Académiciennes,

Chers Académiciens,

Faut-il vous présenter celui qui se tient à mes côtés ? À en juger par vos réponses sur l'acceptation de sa candidature, cela semble superflu mais pourtant laissez-moi vous dévoiler quelques éléments de sa biographie sans doute méconnus !

La famille Richard est une ancienne famille drômoise de Mollans-sur-Ouvèze où on retrouve sa trace avérée dès le XVIe siècle et où un quartier porte même son nom.

C'est dans ce village qu'en 1885 Henry Richard se lance dans la fabrication de l'huile d'olive mais aussi dans sa transformation en savon de Marseille.

Il décide de vendre ses produits par "colportage" et (notez bien ce mot) cela restera une constante de l'huilerie Richard jusqu'à nos jours. Le fils d'Henry, et grand-père de Patrick, part s'installer à Nyons pour y construire un moulin particulièrement moderne pour l'époque. Il est un "taste oli" c'est à dire un goûteur d'huile réputé. Il va pouvoir élargir la gamme des produits proposés.

1956 est l'année noire des oliviers avec un gel catastrophique qui les fait quasiment disparaître des campagnes françaises. Marcel décide d'aller chercher ses huiles là où elles perdurent dans le bassin méditerranéen. Il ajoute à sa gamme d'autres huiles comme l'arachide et décide de s'installer à Crest. C'est qu'il a 40 ouvriers à protéger !

Les trois garçons de Marcel se séparent. Max reste à Nyons et se tourne vers l'épicerie fine tandis qu'Henry et Joseph, le père de Patrick, créent leur établissement à Aouste.

Joseph, et son épouse Mireille, ont un petit garçon Patrick né le 31 août 1962. Comme Obélix dans sa potion magique, Patrick est tombé dans l'huile d'olive dès la naissance et n'envisage pas un autre métier que celui de moulinier.

Son parcours scolaire le conduit de l'école laïque d'Aouste au collège Saint-Louis de Crest puis à l'institution des Chartreux à Lyon, de la seconde à sa prépa d'HEC.

En fait, c'est à ESLSCA qu'il poursuit ses études. Il les conclura, bien des années après, par un diplôme de 3e cycle à l'Institut de Haute Finance de Paris.

Mais, dans son esprit, en cette année 1985, il n'a pas abandonné le monde de l'huilerie. Sa formation devrait lui servir à développer l'entreprise familiale.

Hélas ! celle-ci est rattrapée par la crise financière et le développement de la concurrence. De plus, papa se montre réfractaire aux idées novatrices de Patrick. Il décide alors de changer de voie tout en se disant sotto-voce : "Je reviendrai !"

C'est le Crédit Agricole de la Drôme qui ouvre ses portes à ce jeune financier, féru d'informatique, qui n'a que 26 ans et qui se régale de la "carte blanche" qu'on lui donne.

Comme un bonheur n'arrive jamais seul, Patrick rencontre Elisabeth, brillante endocrinologue à l'hôpital de Valence, qui recevra par la suite la Légion d'Honneur. Ils auront trois enfants : Augustin, né en 1990, qui part dans le numérique chez Koesio, Louis, en 1992, et Emma, en 1994, qui rejoindront papa à l'huilerie.

Patrick a fait pleurer sa mère en entrant au Crédit Agricole car il avait là, enfin, un poste stable et considéré. Il y crée un service trésorier assurant la gestion des fonds propres de la banque et un service d'aide au financement des entreprises allant jusqu'à des introductions en Bourse. Prosaïquement parlant : il s'éclate ! Et puis vient le temps des fusions départementales, de la politisation des organes dirigeants et ça... c'est pas son monde ! Il va faire pleurer sa mère à nouveau mais cette fois c'est d'inquiétude car il quitte la banque.

Il rêve de retourner à l'entreprise, voire de créer la sienne propre.

Et puis à quelque chose, parfois, malheur est bon, l'huilerie Richard est au bord du dépôt de bilan et vivote avec 2 camions et 300 000 € de chiffre d'affaires. Pour arriver aux 21 camions actuels, aux 10 boutiques et aux 8,2 Millions d'€ de chiffre d'affaires, Patrick innove et investit tous azimuts tout en gardant ses fondamentaux : la qualité, la gastronomie et le contact direct avec le client. Il y ajoute l'envie de montrer sa fabrication et de redonner du goût aux produits.

Installé désormais à Aouste, il va racheter à son cousin l'ancienne huilerie à olives de Nyons.

Coup de frein en 2006 quand l'usine d'Aouste brûle. Certains auraient baissé les bras, lui ça lui donne encore plus de motivation. Il va racheter une huilerie à Uzès dans la zone AOP de Nîmes puis une aux Mées dans les zones AOP Provence et Haute-Provence. Il a désormais quatre AOP sur les 8 françaises dans son escarcelle plus les productions d'huile de noix, de noisettes et de colza à Montoison.

Il a bien conscience que la bataille n'est pas terminée quand il constate que seulement 4 % de l'huile d'olive consommée en France est produite dans l'hexagone.

Il est ravi de recevoir dans son équipe le soutien de son cadet et de sa benjamine. Le premier Louis, après un passage entre autres chez Valrhôna, s'occupe du commercial et du système informatique, la seconde Emma prend en charge les achats et les "richesses" humaines.

Les boutiques fleurissent dans tout le grand Sud-Est, notamment à Lyon mais l'image de marque reste ces camions décorés qui perpétuent la tradition du porte à porte, véritables petites épiceries fines à roulettes.

Patrick peut alors prendre un peu de temps pour ses autres passions :

Sa petite-fille Agathe et le bébé d'Emma attendu début décembre

Sa fondation qui aide de multiples projets dans la Drôme comme "Saoû chante Mozart", les soins palliatifs de l'Hôpital de Crest ou l'Orchestre de la Drôme et s'intéresse, aussi, au nouveau concept d'écologie intégrale. Et puis il y a les amis qui vont l'amener à s'investir dans l'association des "Amis de Léoncel" ou à animer une chronique sur "France Bleu Drôme/Ardèche."

Moi, outre son exceptionnel parcours, c'est cela qui m'a plu d'emblée chez Patrick quand il m'a dit son amitié pour Heny Fuoc et Michel Wullschleger et son regret pour les petits mâchons "saucisson-picodon-canon" avec la bande à Jean-Noël Couriol.

Je me suis dit qu'avec de telles références, cet homme avait toute sa place à l'Académie et que vous alliez lui faire un accueil chaleureux.