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Réception de Viviane Rageau

Hélène Moulin-Stanislas, Viviane Rageau

Discours par Hélène Moulin-Stanislas

J'ai fait la connaissance de Viviane en 1987 lorsque, enseignante en Lettres à l'Institut de Formation en Arts appliqués de Lyon Bellecour depuis 1983 et étudiante en licence d'histoire de l'art et d'archéologie afin de pouvoir enseigner aussi les arts appliqués, elle a fait son stage d'un mois au musée de Valence que je dirigeais alors. Cela fait donc maintenant 34 ans que, dans des parcours parallèles et souvent collaboratifs, mais aussi amicaux, nous ne nous sommes, si je puis dire, plus quittées. Et cela va continuer puisque, alors que je suis à la retraite et qu'elle travaille encore, j'ai proposé son entrée à l'Académie drômoise.

Viviane est née le 5 décembre 1959 dans le Var, à Hyères, mais a vécu dans la Drôme, à La-Roche-de-Glun depuis 1976. Après une infidélité momentanée à notre département pour notre voisin de l'Ardèche, à Soyons entre 1995 et 2019 où elle a été élue conseillère municipale de 2008 à 2014, elle vit à nouveau dans la Drôme, à Montvendre, avec son compagnon Frédéric et son fils Germain, quand ce dernier n'est pas à Marseille ou à Paris pour terminer ses études.

Toutefois, son parcours professionnel, commencé à Lyon, mené un temps en Rhône et Drôme jusqu'en 2005, est depuis lors entièrement drômois.

C'est en effet en 1988, que Patrick Michel, animateur du patrimoine du service Valence Ville d'art et d'histoire créé en 1985, l'ayant "repérée" au musée, lui propose de passer l'agrément de guide conférencier(e) créé par le ministère de Culture afin d'intégrer le nouveau service valentinois pour conduire des visites guidées. L'ayant réussi, elle devient alors, en même temps, enseignante à Lyon puis Valence, guide conférencière au service Ville d'art et d'histoire mais aussi au musée.

Ainsi, en 1992, elle participe à la recherche et à la rédaction de l'ouvrage historique Valence sur Rhône, édité en même temps que l'exposition Valence 2000 ans d'histoire au musée.

En 1995, elle fait partie de l'équipe de la commémoration du Neuvième centenaire de la Cathédrale Saint-Apollinaire, collaborant à la rédaction des éléments signalétiques qui y sont installés, à la recherche des oeuvres et à la rédaction des notices du catalogue de l'exposition Sola Gloria Dei proposée par le musée ; puis plus tard, toujours au musée, à l'exposition Selon les Écritures qui toutes deux présentaient et étudiaient des oeuvres religieuses (peintures, sculptures, art sacré, bibles et missels) conservées dans les églises et musées de la Drôme, aux archives diocésaines, à la cathédrale et à l'évêché... Musée dont elle devient responsable à mi-temps du service des publics entre 2000 et 2005. Fonction où elle assure le management de l'équipe des médiateurs, la programmation des visites guidées, des actions de médiation tous publics ainsi que des actions spécifiques telles les visites Ville-Musée, la Nuit des musées, les Journées du patrimoine… mais où elle participe aussi au travail de recherche sur les oeuvres et pour les expositions, rédigeant divers documents…

En 2005, elle devient animatrice de l'architecture et du patrimoine, responsable du service Ville d'art et d'histoire de Valence, devenu depuis 2010 Pays d'art et d'histoire de l'agglomération Valence Romans, au territoire élargi à 56 communes. Fonction qu'elle assume toujours. Dans ce cadre, elle assure la mise en projet, la mise en oeuvre et le suivi des actions de médiation patrimoniale sur le territoire de l'agglomération, manageant une équipe de douze personnes, collaborant avec les musées de Valence et de Romans…. En parallèle, elle est en charge de la recherche, de la rédaction et du suivi de réalisation des documents à destination du public qu'édite son service, parmi lesquels la collection Focus consacrée aux édifices, personnalités et lieux remarquables qui a pris la suite des dépliants Laissez-vous conter existant depuis de nombreuses années. Ainsi sont déjà parus, pour Valence, la Maison des Têtes, le Pendentif, l'Hôtel de ville, le Parc Jouvet, les Vitraux Thomas ; pour Romans Le Grand Voyage (Chemin de croix et Calvaire des Récollets), La collégiale Saint-Barnard et les Hôtels particuliers du XVe-XVIIIe siècles.

Si les classiques visites commentées continuent, des actions nouvelles sont mises en oeuvre tels les visites théâtralisées, les visites en musique, les cafés-patrimoine, les ateliers-patrimoine pour le jeune public…

Membre de la Société d'archéologie, d'histoire et de géographie de la Drôme, Viviane, qui aime la recherche, écrit aussi régulièrement des articles dans la Revue drômoise.

Enfin, grande voyageuse, elle a visité et séjourné dans de nombreux pays : Égypte, Israël, États-Unis, Amérique du sud, Pays de l'Europe du Nord, qu'il serait fastidieux de tous citer ici. Si elle a quasiment fait le tour de la terre, elle a une prédilection particulière pour l'Asie, retournant 4 fois au Cambodge. Mais surtout, je me souviens de son départ en 1994, seule avec son sac à dos, pour un an en Asie où ses pas l'ont menée au Vietnam, en Indonésie, en Malaisie, en Thaïlande, à Bali où elle a été professeur de français à l'Alliance Française, faisant de là un détour par l'Australie afin de renouveler son visa, puis en Chine et au Laos. Heureux temps de la liberté du voyage…

En attendant de nouveaux voyages possibles, lorsqu'elle passera le cap de ce temps à la fois très attendu et tant redouté de la retraite, à priori d'ici peu puisque c'est à la fin de l'année 2022, je vous propose de recevoir Viviane comme membre de l'académie. Je ne doute pas que se plongeant dans de nouvelles recherches, elle nous proposera aussi de nouvelles activités et perspectives.

Réponse de Viviane Rageau

Merci Hélène pour ce discours qui m'a replongée quelques instants dans les souvenirs fort agréables de mes premières années au sein de la direction Culture de la ville de Valence. Je crois que j'ai pris le goût de la recherche durant ces heures passées à peaufiner les conférences et les visites sur les artistes ou les thématiques des expositions du musée ou à réaliser des balades historiques dans Valence ; je pense bien sûr à Annie Mazuray ici présente, qui a été à l'initiative de la création du service Valence Ville d'art et d'histoire.

Je reviens juste quelques instants en 1995. En pleine préparation de l'exposition Sola gloria dei, en compagnie du père Alain Planet, que nous avons l'honneur d'appeler Monseigneur à présent, Hélène, Patrick Michel et moi-même arpentions les petites communes de la Drôme et leurs églises en vue d'y retrouver des oeuvres oubliées, parfois exceptionnelles. Je suis sûre qu'Hélène, Patrick et Alain se rappellent notre passage à Espeluche pour y découvrir une crucifixion du XVIe siècle sélectionnée pour être exposée… et pour laquelle la rédaction de la notice m'avait été confiée. Cette exposition, quatre ans après celle consacrée au patrimoine et à l'histoire de Valence, a été pour moi un des déclencheurs de l'intérêt et de la motivation qui m'ont animée depuis pour la recherche et la connaissance d'un territoire qui a beaucoup à offrir.

Au final, presque 30 ans plus tard je garde toujours un goût marqué pour l'histoire des églises. Et si mon entourage s'étonne de me voir travailler avec plaisir sur le XIXe siècle et ses églises massives, parfois répétitives, au décor alimenté par la production de sainteries semi industrielles, c'est que j'éprouve un plaisir non dissimulé à me plonger dans l'atmosphère de piété qui animait les villages au siècle dernier. Alors je laisse volontiers à mes collègues les chapelles romanes et je remercie au passage Bernard Delpal ici présent, mon professeur d'histoire religieuse contemporaine en licence d'histoire à l'université Lyon 2 qui n'est probablement pas étranger à la curiosité qui m'anime… même s'il m'a fallu quelques années de maturation pour m'en rendre compte !

J'ai espoir que les années qui vont venir me permettront de consacrer plus de temps à la recherche locale et bien sûr à la production d'écrits. En fait, j'ai un planning très chargé, comme tous ceux d'entre vous qui ont vu arriver avec empressement ce temps heureux de la retraite, avec quand même une pointe d'anxiété… Je ne suis pas sûre d'arriver à faire tout ce que j'ai en projet (en plus des grasses matinées) mais bien qu'engagée dans des associations en qualité de présidente et de trésorière, ce sera avec plaisir que je vous rejoindrai dans ces moments de plaisir partagé autour de l'histoire et du patrimoine local.