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Réception de Michel Chapoutier

Michel Chapoutier, Georges Frechet

Le 16 mars 2019, à Bourg-de-péage, l'Académie drômoise accueillait un nouveau membre, Michel Chapoutier.

Discours par Georges Fréchet

Né en 1964, Michel a donc 10 ans de moins que moi. C'est dès l'âge de 26 ans qu'il prend la direction de l'entreprise familiale, remontant à 1808. Il entreprend aussi­tôt de la rénover par des recherches, des expérien­ces dans la vinification, par l'expression des terroirs et la combinaison la plus fine possible avec les mets et en effet il remporte immédiatement l'Olympiade de la syrah avec l'Hermitage "La Sizeranne". La passion et l'ouverture d'esprit caractérisent son parcours. Curieux et visionnaire, il sait impulser son état d'esprit à l'entre­prise, son ambition, qui repose sur une grande tradition régionale puisque la maison a hérité des chais de Calvet et Vogelgesang, grands négociants de l'Hermitage au xixe siècle, ainsi que des prestigieux crus de la famille Monier de la Sizeranne.

Comme vigneron, c'est par l'adoption de la culture en biodynamie, inspiré par les théories de Rudolf Steiner, qu'il se distingue, ce qui le met en relation avec des instituts de recherche pour mieux comprendre les sols. Par esprit pionnier, il tente l'aventure sur des terroirs encore mal connus, en Ardèche, en Roussillon, en Australie.

Le concours du jeune sommelier mis en place par Michel Chapoutier dès 1993 est fédéré par l'Éducation nationale, ce qui lui a valu les palmes académiques. Mais je ne vous parlerai pas longtemps du vin, car la dive bouteille parle par elle même.

Non. c'est par un autre aspect que j'ai pensé que Michel Chapoutier partagerait nos idéaux de l'Académie.

Incontestablement il a une conception de l'entreprise citoyenne. Sa façon d'agir dépasse la simple production. Il a créé en 1993 l'association " Vins et santé " dont la mission est de trouver des donneurs de moelle osseuse et de lever les fonds pour cela. Une vendange bénévole lui est consacrée chaque année.

Toujours dans un esprit humaniste de solidarité avec le handicap, les vins Chapoutier sont la première Maison du monde agroalimentaire à imprimer les étiquettes de ses vins en braille. Michel Chapoutier met au point une méthode typographique spéciale en surimpression.

On le sait ses titres sont nombreux: président d'Inter-Rhône, le syndicat des Producteurs et négociants de la vallée du Rhône, président de l'Union des marques et maisons de vins, chevalier de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre natio­nal du mérite, du mérite agricole, commandeur de l'ordre du mérite portugais

Un aspect moins connu du grand public. Un homme chez qui l'empathie est naturelle, et pétri d'humanisme.

Il crée l'école Chapoutier avec pour credo : apprendre le vin autre­ment, une école pour révéler à chacun que le vin n'est pas élitiste mais généreux, qu'il n'est pas hermétique mais gourmand. Au-delà de l'apprentissage du vin, l'école offre une découverte du territoire, de la terre, de cette nature qui nourrit la vigne.

Dans le domaine culturel, il lance en 2017 les Conférences de l'école Chapoutier. On s'étonne, on le monde d'un œil inédit. C'est dans cet état d'esprit qu'elle propose de découvrir des sujets particuliers comme les états de conscience, la géométrie sacrée, la voix lien des humains.

J'ai réalisé plusieurs découvertes avec Michel, par exemple la visite de l'ancienne maison drapeau, qu'il a achetée. Le lieu est très atypique, ornée de superbes ferronneries art déco, et d'un extraordinaire bureau de réception décoré de bas reliefs et de vitraux. C'est sans doute cette inspiration qui a donné à Michel une idée surprenante. Nous emmenant à travers un dédale d'entrepôts, il nous fait admirer des lits superposés sur une très grande hauteur! Rien à voir avec les châlits de refuge alpins ! Michel a toujours rêvé de créer un hôtel, il collectionne donc les lits art déco pour en meubler les chambres du futur hôtel ! Le même jour d'ailleurs, nous faisons une autre découverte, dans un autre hangar, des bâches sont jetées sur des silhouettes mystérieuses. En soulevant l'une d'elles, ­apparaît un trésor rutilant de tous ses nickels, la Cadillac blanche de Fernandel.

Mais ce que nous avons en commun, c'est notre amour pour l'art. En homme de goût, Michel Chapoutier apprécie l'art, sous toutes ses formes. Il fait partager à ses visiteurs et à ses collaborateurs ses collections exceptionnelles de toiles aborigènes de J. Petyarre, R. Naganpati, Morton Ngale etc, d'antiquités mycéniennes et chinoises, d'orfèvrerie russe et des œuvres des artistes régionaux, sculptures de Toros et de Martic, mais aussi des tableaux d'Ambrogiani, de Boncompain, des meubles, pourvu que cela bouscule et raconte une histoire.

Parmi ses projets : un musée, des maisons d'artistes pour encourager des jeunes créateurs. Nous allons, dans les espaces dégagés par la restructuration des sièges de la maison Chapoutier, créer un musée consacré à l'art régional, et en particulier au peintre Max Monier de la Sizeranne, qui donne son nom au cru emblématique de la maison.

Enfin, je découvre sa bibliothèque dont il m'a confié le catalogage. Amoureux des livres, il crée une bibliothèque de près de 8000 volumes et offre volontiers ses écrits préférés à qui aura échangé avec lui. Une collection vivante, sur tous les sujets, la vigne et la gastronomie bien sûr, le régionalisme. l'histoire, l'art, la littérature. Des raretés, des livres anciens, des documents rassemblés par des collectionneurs importants, et encore des nouveaux cartons à découvrir…

Diaporama

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