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Evénement
le 14 mars 2019
Hommage au docteur Jacques Sarano, académicien drômois
Jacques Sarano est né en 1920 à Salonique, dans une famille de commerçants. Après l'exil, il poursuit ses études à Lyon, d'abord au lycée du Parc puis à la faculté de médecine et de lettres de Lyon. Il en sort docteur en médecine et licencié en philosophie. Engagé comme parachutiste de la France Libre pendant la seconde guerre mondiale, il fait partie en Hollande de la fameuse mission Amherst en 1945. Il en réchappe et obtient la croix de guerre française et néerlandaise. Puis il s'établit à Valence comme gastroentérologue, attaché hospitalier.
Mais il est surtout connu pour son œuvre d'écrivain. Jacques Sarano a beaucoup écrit. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur nos maux éternels : la vie, l'amour, la douleur, la mort… et de nombreux articles, en particulier dans les revues Esprit et Présences. D'une intelligence rare, il peut causer d'égal à égal avec Paul Ricoeur, Mgr Quiot, Jean-Marie Domenach et tant d'autres. Il figure dans la liste des 61 membres fondateurs à la création de l'Académie drômoise en 1957, dans la section sciences, "littérature médicale et philosophie". Il est même président de l'association en juillet 1960, succédant à Pierre Pontiés. Il laisse dès le mois de juin 61 sa place à Charles Mayeux, le violoniste des concerts Colonne, qui vient d'accepter la direction du conservatoire de musique de Romans. Mais c'est surtout le médecin et l'ami de Paul-Jacques Bonzon, le père des Six compagnons. Les deux hommes sont voisins et les familles se fréquentent. Un ouvrage de l'écrivain Les six compagnons et le secret de la Calanque en novembre 1969 est dédié "à Elisabeth Sarano, en souvenir de vacances aux Issambres". C'est Jacques encore qui accompagne son ami à la fin de sa vie en Égypte.
Les deux hommes sont aussi complices à l'Académie drômoise. Ils ont l'idée d'organiser une "Semaine des créateurs drômois" en avril 1961, avec une exposition de peinture et sculpture, les ouvrages des uns et des autres, mais aussi une conférence du professeur Santy et un concert des JMF. Jacques essaie d'entraîner ses confrères académiciens à sa suite et écrit plusieurs articles dans les Cahiers drômois. Le premier, dans le Cahier n° 1 en 1960, s'intitule : "Euthanasie, peine de mort et autres meurtres". Pour mémoire, la peine de mort est abolie en 1981 en France, l'avortement autorisé la même année. Il rend hommage à Louis Evely dans le Cahier n° 9 et à Paul Tournier, "l'apôtre de la médecine et de la personne" dans le n° 17 de 2007. Des écrits d'une approche délicate, qu'il faut relire plusieurs fois pour en comprendre la portée. Fervent chrétien, médecin soucieux de recréer avec ses patients une relation plus proche et plus humaine, philosophe, homme plein d'humour, il savait aussi sculpter le bois, jouer du violon. Nous venons de perdre un "honnête homme" au sens plein du terme qui a su transmettre le flambeau à ses trois enfants, Anne, François l'océanologue et Elisabeth.
Annie Friche