La lettre de l'Académie drômoise
La Drôme des lettres (1850-2012)
novembre 2017ISBN : 978-2-9562270-0-7 · 15 € · Ed. Académie drômoise · 113 p.
Avant-propos
Nous voici arrivés au terme de notre entreprise avec ce troisième tome de " La Drôme des lettres " qui paraît pour les soixante ans de l'Académie Drômoise. Actualiser le dictionnaire de Justin Brun-Durand en écrivant des notices sur les personnalités importantes du département concernant les arts, les sciences et enfin les lettres nous a occupés pendant cinq ans.
L'entreprise paraissait au départ plus aisée que les précédentes. Nous avions tous en tête quelques noms d'écrivains, à propos desquels la plupart d'entre nous avaient déjà écrit de nombreux articles. Mais il fallut vite se rendre à l'évidence: si certains avaient été largement traités, d'autres restaient bien obscurs, voire politiquement incorrects et du coup fortement discutés. La Drôme a ses héros, mais aussi ses " maudits ".
Nous avons donné comme toujours la priorité aux anciens membres de l'Académie, inconnus ou célèbres. C'est ainsi que le poète Alain Borne de Montélimar côtoie des versificateurs complètement oubliés aujourd'hui. Encore une fois, peu de femmes dans ce volume : qui se souvient de Marie Laurandrée, qui fut vice-présidente, de Marcelle Gambus, qui a commencé à écrire après avoir élevé ses enfants ?
Nous avons volontairement écarté les écrivains qui n'ont fait que passer dans la Drôme, pour des raisons de climat plus ensoleillé, de santé ou de conflit. Ils ont été déjà largement traités dans d'autres ouvrages et leur gloire fut surtout parisienne. Pierre Emmanuel semble le seul à avoir eu des liens avec l'Académie, puisqu'il a été reçu en 1968, mais surtout à titre honorifique car la date coïncidait avec son élection à l'Académie française. Il n'a jamais participé à une réunion et nous devons nous contenter d'un compte-rendu du secrétaire André Milhan, qui déclare posséder un courrier de sa main.
La littérature pour la jeunesse est bien représentée dans la Drôme avec trois auteurs : Paul-Jacques Bonzon, membre fondateur et actif de notre association, père spirituel des Six compagnons, Georges Bayard de Soyans et Anne Pierjean de Crest.
Cédant à la manie de la commémoration, nous n'avons pas oublié les écrivains combattants morts à la guerre de 14 -18 et dont les noms sont gravés sur la pierre du Panthéon. Nous en avons retenu trois : Jean-Marc Bernard et Raoul Monier de Valence, Adrien Bertrand de Nyons qui reçut le prix Goncourt. Morts jeunes, ils ont peu écrit, même si leur œuvre paraît pleine de promesses.
Nous n'avons pas négligé non plus les occitans, aidés en cela par les compétences de nos deux confrères universitaires. Si l'on devait établir une côte de popularité, le plus demandé par les Académiciens a été René Barjavel, le romancier originaire de Nyons. Il était intéressant de confier la rédaction de sa fiche à un autre écrivain de science-fiction qui le considère un peu comme son père spirituel.
Pour conclure, ce travail de recherche n'est pas si anodin qu'il n'y paraît.
Les auteurs ont chacun de bonnes raisons d'écrire sur le personnage qu'ils ont choisi.
C'est en effet pour certains de nos confrères une façon de rendre hommage à un protecteur, un personnage qui les a fortement marqués ou à un membre de leur famille. Quand les sentiments interfèrent avec les compétences, cela aboutit parfois à de fort beaux textes !
Même imparfaites, et parfois incomplètes faute de documents, ces notices donnent une bonne idée de l'ouverture d'esprit des académiciens et de leur sens du devoir. Il faut témoigner, pour montrer qui l'on est et ce que l'on veut laisser à nos successeurs, sans concession aucune.
Annie Friche
Présidente de l'Académie drômoise des lettres, des sciences et des arts