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Réception de Georges Fréchet
Le 6 février 2016 à Tain l'Hermitage, l'Académie drômoise accueillait un nouveau membre, Georges Fréchet.
Discours de réception d'Alain Balsan
Il y a quelques mois, j'assistais à une conférence, fort instructive, donnée par Georges Fréchet. À l'entrée, je tombe sur Lucien Dupuis qui me glisse "Ne crois-tu pas que l'on devrait soumettre sa candidature à notre Académie". Je lui réponds que je viens tout juste d'envoyer sa fiche à notre présidente car j'avais eu la même idée que Lucien qui est en quelque sorte le co-parrain…
La candidature de Georges a donc été admise avec aisance mais elle posait quand même un problème très sérieux : notre impétrant est-il de droite ou de gauche ?
Je vois d'ici vos sourcils se hérisser et vos airs grondeurs. Veut-il parler de politique, pensez-vous ? Je vous rassure immédiatement. Il s'agit de la rive droite ou de la rive gauche du Rhône. Autrement dit, Georges est-il d'Empire, comme nous les Drômois, ou de Royaume, comme les Ardéchois ?
Certes, il appartient à l'association des Amis du musée de Tournon où il donne des conférences et il se passionne pour les œuvres trop peu connues de la collégiale que nous découvrirons cet après-midi. Voilà pour l'allégeance au Riaume.
Mais il demeure à Tain-l'Hermitage et adhère aux Amis de l'orgue de Tain ainsi qu'à l'association Tain, terre et culture. Voilà pour l'allégeance à l'Empire.
Et puis n'est-il pas temps de mettre un terme aux querelles meurtrières qui ont opposé les Helviens et les Ségovellaunes avant que les Romains ne viennent mettre un peu d'ordre dans nos contrées ?
Ensuite, et pour clore le débat, Georges est Parisien.
Il est né le 10 février 1954 à Boulogne. Son père, attaché culturel, était en poste à Berlin et Georges a commencé sa scolarité en Allemagne, à l'époque de la construction du mur (1961) et ses camarades de classe étaient fils d'espions. Il y a surtout acquis une maitrise parfaite de la langue allemande.
C'est à Paris, encore, qu'il se marie en 1987 ; il a une fille, Aelis qui est la forme occitane du prénom Alice. C'est à Paris qu'il a suivi ses prestigieuses études, à l'École nationale des Chartes, à la Sorbonne et à l'Institut des Langues Orientales.
Sa carrière professionnelle est tout aussi impressionnante : conservateur de la bibliothèque historique de la ville de Paris, conservateur à la bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg, conservateur en chef du patrimoine à l'Institut national d'histoire de l'art à Paris, conservateur en chef de la bibliothèque Ceccano d'Avignon, la fondation Calvet, enseignant aux universités d'Avignon et d'Amiens.
On lui doit une trentaine d'expositions autour du thème du livre, l'une de ses passions. On lui doit aussi une cinquantaine d'articles et de livres, des participations à des ouvrages collectifs. Il donne des conférences partout en France et à l'étranger et participe à des émissions de radio.
Georges Fréchet appartient depuis vingt ans aux Amis des Danses Macabres. "C'est une réunion de chercheurs et d'amateurs passionnés par le phénomène médiéval de la danse macabre - au sens large - qui travaille sur ses aspects historique, iconographique, sociologique, philosophique, religieux et artistique". Par ailleurs il est membre de l'association des Amis des Antonins qui a pour vocation de sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine de l'ordre hospitalier de Saint-Antoine, de faire connaître l'abbaye de Saint-Antoine dont une commanderie se trouvait à Tournon.
Enfin, Georges Fréchet aime les langues et les écritures anciennes. Il étudie le russe, le grec moderne, le sanscrit.
Pour mieux connaître l'œuvre polymorphe de Georges, je ne puis que vous inviter à consulter Google et je me bornerai à résumer en six mots le personnage "Amour des livres, amour de l'art".
Enfin, et c'est essentiel dans la biographie de celui que nous avons le plaisir d'accueillir dans notre modeste académie, Georges est aujourd'hui en disponibilité ce qui signifie qu'il sera un membre actif et, j'en suis sûr, zélé et passionnant car c'est un passionné.
Réponse de Georges Fréchet
Je dois tout d'abord vous remercier du grand honneur que vous me faites en m'appelant parmi vous. Je suis touché de me retrouver dans une Société aussi prestigieuse, remontant à la Société académique et patriotique, fondée en 1784 et qui regroupe depuis l'origine les personnalités les plus brillantes du département, comme Pierre Pontiès, Francis Poulenc, Marc Boegner, Haroun Tazieff, Jean Chièze.
Mais ce que je ressens avant tout ici, c'est le sens de l'amitié et celui de la passion. Tous, vous êtes connus dans vos domaines, vous êtes parmi les meilleurs, mais vous voisinez avec aisance et vous constituez un corps homogène dont chacun reconnait l'autre. C'est cette amitié qui m'a valu, à ma grande surprise, d'être admis parmi votre cénacle choisi. L'amitié tout d'abord de mon parrain, Me Alain Balsan, que je remercie sincèrement, car il a bien voulu m'aider dans ces démarches et a dissipé mes doutes et hésitations. Je remercie Mme la présidente Annie Friche qui a mené à bien avec gentillesse ce dossier. C'est naturellement le plaisir aussi d'y retrouver de nombreux amis, Jean-Paul Ravit, Jean-Noël Couriol mon ancien professeur au lycée du Parc, Marie Palué, Jacques Delatour dont je fréquente le fils, Jérôme, conservateur du patrimoine comme moi, Sylvaine Boige-Faure, et un ami hélas décédé Antoine de Lacheisserie, sans parler de Daphné Michelas avec qui je suis mis sur le grill aujourd'hui. A tous points de vue, je crois que je vais aimer mes nouveaux confrères, dont j'ai déjà eu l'occasion de croiser certains grands artistes comme Pierre Boncompain et Patrick Beaugiraud, grands médecins comme les Docteurs Edmond Estour, Jacques Mazade, j'en oublie naturellement.
On peut me demander ce que je fais là. Bien que n'étant pas originaire de la Drôme, j'ai des attaches avec la région, ma famille étant issue de Désaignes en Ardèche, comprenant des artisans et des pasteurs au 18e et au 19e siècles. J'ai eu la chance, dès mon enfance, d'être initié à la vie intellectuelle et artistique avec mon grand-père Maurice Fréchet, mathématicien de l'académie des sciences, auquel une étoile est dédiée et mon oncle, André Fréchet, créateur de l'art déco, ami de Ruhlmann. Lors de ma carrière au service public, qui m'a amené à travailler dans quatre types de bibliothèques et dans plusieurs régions, j'ai eu la chance de rencontrer partout des personnalités remarquables de différents horizons, car la culture est une. À Paris, on côtoie journellement des "people" pour parler de manière journalistique, mais j'ai eu le privilège de servir sous Jacques Chirac maire de Paris, d'accueillir Mme Pompidou dans une exposition que j'organisais, de tenir la main à deux ministres à la fois, François Fillon ministre de l'Education et Renaud Donnedieu de Vabre ministre de la culture qui inauguraient conjointement l'Institut national d'Histoire de l'Art, d'obtenir l'amitié de grands historiens d'art comme Yvan Christ, Michel Laclotte, Jean-Pierre Cuzin, Michel Gallet, Bernard Dorival, d'écrivains comme Maurice Lever, Geneviève Dormann, décédée cette année, Bernard Comment, Georges Lubin et des historiens comme Emmanuel Leroy-Ladurie, célèbre par son livre sur Romans. J'ai rencontré les peintres Topor, Dado, Messagier, Lydie Arickx, Vincent Bioulès, Cremonini, Segui. A Strasbourg, j'ai encore eu l'honneur de travailler avec un ministre, Mme Catherine Trautmann maire, j'y ai rencontré des musiciens comme Martin Gester, Thierry Lancino, Aline Zylberajch, le conservateur des musées du Qatar Hubert Bari, à Avignon les artistes Jacques Clerc, de Crest, les poètes Jean-Gabriel Cosculluella, Jean-Claude Xuereb, sous l'administration de madame Marie José Roig, ancien ministre.
Vous l'aurez compris par mes admirations, j'aime tout. Je suis trop curieux, et voila comment mes recherches m'ont amené dans les nombreuses directions évoquées par mon honorable parrain. Je précise que l'ordre hospitalier des Antonins, né à Saint-Antoine-l'abbaye avait des commanderies particulièrement nombreuses en Drôme. J'ai travaillé sur mes écrivains et poètes préférés comme Barbey d'Aurevilly, Mallarmé, René Char, sur les artistes comme le sculpteur du moyen âge Jacques Morel. Marie Palué m'a donné l'occasion de donner des conférences sur le célèbre mécène Jacques Doucet et sur André Lhote à Mirmande. Avec l'association Tain, terre et Culture dont je suis co-fondateur, j'ai participé à une conférence collective sur la Teppe, et participé aux activités du "Collectif des Associations du Patrimoine de la Drôme". Dans ce cadre aussi, je publie actuellement un ouvrage sur " le voyage sur le Rhône et dans les châteaux de la Drome de Constant Bourgeois ", ainsi qu'une présentation de l'église de Tournon-sur-Rhône à l'occasion de son 700e anniversaire, qui paraitront en avril. Nous découvrirons celle-ci cet après midi. A tous merci.
Diaporama
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